Patriote et poète wallon
Un combat
Grand patriote, François Bovesse est déjà sur la liste noire de la police allemande en 1940. Blessé par un éclat de Schrapnell à l'Yser, il doit quitter le front. Il devient auditeur militaire. Sa conduite lui vaudra la Croix de Guerre.
Ministre des P.T.T. (1931), ministre de la Justice (1934/1935-1936/1937), ministre de l’Instruction publique et et des Beaux-Arts (1935/1936), il s'affirme comme champion passionné de la Défense nationale dans les conseils de cabinet. Il est nommé gouverneur de la province de Namur le 15 avril 1937.
Appelé, en mai 1940 à suivre le gouvernement en France, il est nommé par le premier ministre, Hubert Pierlot, haut-commissaire du gouvernement de Sète où il s’occupe des centres de recrutement de l’armée belge et du rapatriement des réfugiés. Il rentre à Namur le 27 septembre 1940 avec tous les risques que comportait ce geste.
Le Tatigkeitsbericht» (rapport d'activité) de la Geheime Feldpolizei (G.F.P.) daté du 1er octobre 1940 écrivait : « Bovesse déteste les allemands. Il est président d’honneur de la Légion Française et manifestement en contact avec le 2ème bureau ».
Fin 1941, dénoncé par des militants pro-nazis, il est traduit devant le conseil de guerre allemand qui le condamne à six mois de prison. Il est incarcéré à Saint-Gilles.
Par la suite, il est régulièrement réquisitionné comme otage roulant sur la voie ferrée Namur-Maubeuge. Ces otages, appelés plus communément à roulettes, étaient choisis parmi les notabilités et les suspects ; ils devaient prendre place dans le premier wagon de tout convoi militaire allemand. Si des groupes clandestins décidaient de saboter le train, ou de le bombarder, ils savaient donc, indépendamment des sanctions qui seraient prises par la suite, qu’ils feraient périr d’innocentes victimes qui, souvent, étaient d’authentiques résistants.
Le 30 janvier 1944, Edgard Gignot, chef de Rex à Namur, est abattu à Auvelais par la Résistance.
François Bovesse, contre qui « Le Pays Réel » s’est acharné avec fureur, sera assassiné, en représailles, deux jours plus tard, par cinq « Gardes Wallonnes ». Deux assassins furent, en 1946, passés par les armes à la caserne Terra Nova.
Un des derniers poèmes écrits par François Bovesse lors de sa rude incarcération à St-Gilles.
Le manuscrit porte en titre le numéro de la cellule :
«Hundertzwanzig» (cent -vingt).
Le captif chante le printemps de 1942. Un printemps qu'il ne voit pas, mais ceux qu'il aime le voient pour lui et c'est pour eux qu'il célèbre toutes les promesses de ce renouveau.
(Papiers F. Bovesse déposés aux Archives de l'Etat à Namur).
Les funérailles
Assassiné à bout portant par des traîtres belges, à l'aube du 1er février 1944, à son domicile et sous les yeux de son épouse, François Bovesse devait être inhumé, selon les ordres de la Kommandantur, dans la plus stricte intimité.
Le soir même, la B.B.C. diffusait l'éloge funèbre de cette nouvelle victime du nazisme ...
Pendant deux jours, des milliers de Namurois défilèrent devant le corps revêtu de l'habit de parade de gouverneur.
Plus de dix mille personnes étaient massées place Gustave Falmagne et dans les environs immédiats au moment de la levée du corps.
Les Feldgendarme étaient là aussi, prêts à intervenir, mais inquiets de voir s'improviser une manifestation d'une telle ampleur.
L'immense cortège, occupant toute la largeur des rues, monta lentement, silencieusement, dignement l'avenue de Stassart, l'avenue des Combattants et, par la rue d'Hastedon, s'achemina jusqu'au cimetière de Belgrade où des dizaines et des dizaines de gerbes de fleurs et de couronnes couvraient la tombe.
Au sommet de la Citadelle flottait le drapeau belge hissé la nuit subrepticement...
La maison mortuaire au moment de la levée du corps.
(Papiers F. Bovesse déposés aux Archives de l'Etat à Namur)
Sur tout le parcours funèbre une foule recueillie, le cœur gonflé de révolte, rendra un dernier hommage à son gouverneur.
(Papiers F. Bovesse déposés aux Archives de l'Etat à Namur)